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Rallye du Critérium 83 : observer, apprendre et apprécier !

Equipage : Thierry Avalle / Réjane Le Gratiet - 106 Rallye A5

Il est 14h04 à Draguignan, et à partir de cet instant, vous n'êtes plus la même personne. Vous êtes au milieu du Parc Fermé et la petite 106 Rallye dont la poignée de porte est cassée attend que vous preniez place. Et jusqu'au lendemain à 16h, rien d'autre ne compte. Le rallye du Critérium 83 a commencé. Et cette épreuve où pilote et copilote se redécouvrent sera une bonne séance d'apprentissage qui nous permet d'emporter notre première victoire de classe de la saison 2009.


"Allez, on est concentré !", je répète presque à chaque départ de spéciale. Une petite voix inquiète demande souvent si "ça va ?". Et cette même réponse positive de Thierry, dans un ton neutre, est génératrice d'un stress inexplicable. Mais quand le décompte démarre à 30 secondes, mes battements de cœur s'espacent. A 5 secondes, le moteur s'excite. Zéro ! "Droite à fond sur gauche à fond" : l'on est parti ! Après les 300 mètres à fond dans La Roque Esclapon, nos roues se lancent sur ce pont étroit... et nous sommes violemment surpris de constater que le pont est à moitié arraché ! Et au milieu de cette plaine paisible, la route étroite défile sous nos roues. La neige a fondu et forme des flaques "ultra glissantes". "Il faut que tu notes les passages sales dont l'adhérence a pu changer, me dit Thierry. C'est le rôle du copilote de modifier les notes en spéciale selon l'état des routes ou si on a sur-noté."

La nuit tombe, et la rampe de phares éblouït les quelques spectateurs courageux restés congelés sur le talus au bord des spéciales. Le chrono démarre à quelques mètres du panneau de la sortie de Brenon, c'est la dernière spéciale de samedi. C'est une de nos préférées. J'ai dit à Thierry que dans les premiers 5 kms, il ne semblait pas à 100% de ses capacités de pilotage. Ai-je eu tort ? Sur cet asphalte cabossé humide dont les fortes irrégularités du terrain vous balancent de droite à gauche, la 106 bleue et jaune part pour un tête à queue. Thierry la tient, la lionne ! Je tente de calmer ses ardeurs. J'ai l'impression qu'il s'est mis en mode "rattrapage" des quelques secondes perdues dans cette erreur. "Long Droite 70+ et 100 mètres Gauche 120 !" j'insiste. Ce dernier gauche est passé fort ! Et dans l'épingle large qui suivra, l'auto tire doucement vers l'intérieur du virage et heurte légèrement le rocher. "Je crois qu'on a crevé" me lance Thierry dans la radio. Sa voix inquiète et concernée me touche. La deuxième épingle arrive. "Tu crois ? Merde !" je réponds. "Ben continue, y'a les 200 mètres, on va bien voir". Quelques coups de volant, et c'est reparti. Nous n'avons pas crevé ! La deuxième moitié de la spéciale, Thierry n'a pas soulagé dans les "à fond", c'était un pur bonheur.

Dimanche, la matinée commence par la montée de Villecroze. C'est cette spéciale dans laquelle je ne suis pas à l'aise. Je la visualise mal. Dans mes notes, j'ai collé un bout de feuille sur une page "pour faire plus propre" selon Thierry, et je n'aime pas ça. Je rentre dans le tempo mais les notes défilent avec parfois un peu de retard, et je commence à m'en vouloir. Puis j'attrape du bout du doigt le coin de la page. Et je sens cette épaisseur anormale du collage de dernière minute. La dernière série est annoncée avec erreurs. "Putain, l'arrivée est là-bas, vas-y !", je crie dans la radio. Nous avions mal noté l'arrivée qui se trouve 150 mètres plus loin. Une erreur que l'on ne refera plus. Mes excuses auprès de Thierry sont agaçantes. "Allez, je suis déjà passé à autre chose, moi. Dans ma tête, je suis dans la prochaine spéciale" me dit Thierry agacé. Et il raison, ça ne sert à rien de ressasser : la page est tournée.

Sur la bosse de Vérignon, c’est mon premier envol réussi. Les quatre pattes décollent et le moteur râle bruyamment parce que les deux roues motrices tournent dans le vide. L’atterrissage ne vous laisse même pas le temps de dire « Putain, Thierry, c’était génial ! » que vous tapez déjà le rupteur en 5ème vitesse avant ce virage à gauche à l’arbre. « Gauche 70 à l’arbre ! », je répète. Je sens bien que Thierry a décidé d’attaquer et ce gauche va passer à fond ! Il lâche un peu avant et l’auto file comme une flèche qui dérive légèrement avec le vent… Je lis les notes malgré ce sourire qui se dessine doucement sur mon visage et déjà, je jubile.





Merci à tous ceux qui nous ont soutenus ! Une pensée pour Alex et Rémi qui ont abandonné Dimanche sur une belle figure ! Des remerciements à André et Sulli pour l'assistance... Nous étions étonnés de voir que le pack de bières était à peine entamé ! Et merci à Sabwi d'avoir accueilli notre bande de fous ! A bientôt pour le Grasse Fleurs et Parfums.

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