Dans le Sud, on aime le piment. Et l'aventure du Rallye Sainte Baume n'en a pas manqué. Les péripéties débutent dès Vendredi soir dans la première spéciale avec le support du levier de vitesses qui se détache de la caisse. Il en faudra plus à notre équipe acharnée pour abandonner. Coup du sort : Samedi, la bague de serrage du levier de vitesses se scinde en deux. Objectif : réparer avec ce que l'on a, en jetant un œil sévère sur le chrono et en ne s'avouant jamais vaincu. Nous finissons 1er de classe sur trois. C'est le rallye comme je l'aime : pleins de rebondissements, des montées d'adrénaline, de stress et de joie !
"Je n'ai plus de levier de vitesses !"me dit Thierry dans la radio. Il fait nuit noire sur la route des Crêtes et l'on a parcouru à peine 500 mètres que la voix inquiète de Thierry annonce un rallye pleins de surprises. "Le support du levier a cassé. Place ton pied dessus pour le tenir enfoncé sur la caisse ! me lance-t-il après avoir frôlé la sortie de route. Une patte en l'air pendant que je lis les notes, l'adrénaline monte : j'aime me battre pour surmonter les épreuves ! Après une lecture décevante de notre chrono à l'arrivée, il faut effectuer une réparation "de fortune" avant de nous enfoncer dans la Sainte Baume pour 17km ! Et Thierry semble calme : a-t-il déjà abandonné dans sa tête ? On s'arrête puis on s'agite. "Vous auriez des rizlans et une clé alêne ?" je demande à l'équipage devant nous dans une voix de biche effarouchée. En rallye, pas la peine de jouer la comédie ! Les pilotes ont l'habitude de se serrer les coudes. On nous sort tout un attirail avant de repartir pressé pour respecter le temps imparti. "Ca va tenir ? Tu crois que ça va marcher ?" .... Ce sont ces questions que Thierry a du détester ! Nous repartons dans les temps avec un levier momifié par le scotch américain.
"Appuie fort avec ton pied dans les virages serrés et les gros freins !" me demande Thierry. Et pouvez-vous les compter les "virages serrés" dans les Bosq ? La semelle de ma chaussure prend la forme du socle pendant que Thierry tire sur ce levier tel un ours qui tâcherait d'être délicat. "Et Gauche 160 sur Droite à Fond" j'annonce avec un petit gémissement de douleur en pensant aux gros virages. Les notes défilent seules, Thierry est dans le rythme, nous réalisons le 56ème temps scratch sur 100 autos malgré nos péripéties. Ces routes sont les miennes, je suis chez moi.
25 minutes d'assistance, pas une de plus ! Nos amis, mécaniciens pour l'heure, nous attendent sous les projecteurs. Il n'y a pas une minute à perdre. Flo, Thierry et Rémi s'affairent autour de la boîte de vitesses. Il faut prendre une décision rapidement pour avoir le temps de la mettre en œuvre. J'entends que l'on crie mon nom à plusieurs reprises : "Le temps, Réjane ! Combien il reste de temps ?". Des vis, des boulons, des outils défilent... et ce ne sont jamais les bons ! Thierry est allongé sur le plancher de la 106, Rémi est en dessous... et ils gueulent. Pendant ce temps, Seb et Flo font l'assistance générale et vérifient que "rien n'ait bougé" sous les feux de notre caméraman, Fabien. "Deux minutes ! Il faut y aller !". Je vais pointer, Thierry me rejoint. C'est bon, le rallye continue.
Une question de confiance... Samedi, Thierry part dans une auto dont la fiabilité ne sera prouvée qu'après quelques spéciales. "Comment se lâcher quand tu sais que tu peux louper une vitesse ? me sonde-t-il. On pourrait sortir fort !". La montée de la Sainte Baume est rude pour la petite saucisse. Les grosses épingles immortalisées sur l'affiche du rallye 2007 nous font perdre du temps à la relance. Thierry va essayer plusieurs manières de les négocier. Dans les Crêtes, il y a aussi ce virage où Thierry ne m'écoute pas. "Il passe bien plus vite que tu ne crois ce virage, mais à chaque fois, tu ralentis trop, non ?" je lui soumets. "Change la note, si tu es sûre de toi. Il faut que je m'en souvienne quand tu me l'annonces". Quelle responsabilité ! Une question de confiance, encore...
Le soleil du midi fait surchauffer les petits moteurs. Le chrono partiel nous annonce 2 secondes de plus dans la montée. Avant d'arriver au Col de l'Espigoulier, Thierry relâche un peu les gaz. "Elle surchauffe, il faut que je soulage..." me lance-t-il déçu. Thierry va aborder la descente dans un esprit de récupération de secondes perdues bêtement. Entre les murets, la 106 glisse juste ce qu'il faut. J'entends son souffle... les enchaînements sont difficiles. Après l'intersection, la portion est rapide malgré la sinuosité du terrain. J'aime quand les "à fond" passent à fond et que j'ai envie de le raisonner. "Allez, on est bon...", mais qu'est-ce que ça veut dire Réjane ? Thierry s'en fout. Les freinages sont retardés et on garde les gaz au maximum. A l'arrivée, Thierry a récupéré les secondes perdues et en gagne deux par rapport au premier passage. "Peut mieux faire"... c'est la pensée qui nous anime.
"Prends mon casque, je n'en peux plus !" c'est la chaude routine des arrivées de spéciale. "Je n'ouvre pas les fenêtres en voiture parce que je m'entraîne à résister à la chaleur pour le jour où je ferai du rallye", tout le monde se moquait de moi lorsque je prononçais ces mots en 2006, en rentrant de mon stage chez Oreca. Et Pierre en bavait de cette chaleur, assis à côté de moi sans comprendre l'objectif de l'entraînement. Mais ceux qui "crevaient de chaud" ce weekend faisaient moins les malins en me voyant porter ma cagoule noire en plein cagnard ! L'on comprenait tout de suite mon entraînement de barbare. Chacun s'entraîne comme il peut : certains liment le goudron, d'autres n'ouvrent tout simplement pas les fenêtres et s'y croient !
Je jubile quand mes yeux lisent un chrono meilleur... et j'aimerais les arrêter les secondes quand la ligne d'arrivée tarde à arriver. Dans la Sainte Baume et dans les Crêtes, je lance à Thierry "On est mieux, on continue comme ça". Sinon, je n'ai rien dit. Les chronos partiels sont des outils à double tranchan mais cela donne une indication à Thierry sur son rythme. Mon chrono jaune et noir scotché sous mes yeux à l'arceau est mon ami fidèle pour éviter les déceptions. La dernière "Sainte Baume" s'est courue sur le rythme d'un "pas le droit à l'erreur" délicieux. Notre équipage gagne 9 secondes par rapport au passage précédent. La descente était infernale, magnifique et même méchante. "Là, ce sont tes temps Thierry", je me permets de dire à mon pilote. Sans tous les ennuis mécaniques, on aurait du courir comme ça dès le début.
Merci à toute l'équipe pour ces merveilleux moments de chaleur ! Nous ne nous sommes jamais sentis autant soutenus. L'ambiance était au rendez-vous. Merci à Thierry pour ces poussées d'adrénaline et de m'avoir embarquée sur le Rallye qui a fait naître en moi toutes ces envies de vitesse. A bientôt pour la Montagne Noire, dans le Tarn, en terres inconnues ! Un weekend de reconnaissances avant le rallye avec une nuit en camping... c'est c'est parti pour aborder les sous-bois chauds et humides le weekend-end du 24, 25 et 26 Juillet.
"Je n'ai plus de levier de vitesses !"me dit Thierry dans la radio. Il fait nuit noire sur la route des Crêtes et l'on a parcouru à peine 500 mètres que la voix inquiète de Thierry annonce un rallye pleins de surprises. "Le support du levier a cassé. Place ton pied dessus pour le tenir enfoncé sur la caisse ! me lance-t-il après avoir frôlé la sortie de route. Une patte en l'air pendant que je lis les notes, l'adrénaline monte : j'aime me battre pour surmonter les épreuves ! Après une lecture décevante de notre chrono à l'arrivée, il faut effectuer une réparation "de fortune" avant de nous enfoncer dans la Sainte Baume pour 17km ! Et Thierry semble calme : a-t-il déjà abandonné dans sa tête ? On s'arrête puis on s'agite. "Vous auriez des rizlans et une clé alêne ?" je demande à l'équipage devant nous dans une voix de biche effarouchée. En rallye, pas la peine de jouer la comédie ! Les pilotes ont l'habitude de se serrer les coudes. On nous sort tout un attirail avant de repartir pressé pour respecter le temps imparti. "Ca va tenir ? Tu crois que ça va marcher ?" .... Ce sont ces questions que Thierry a du détester ! Nous repartons dans les temps avec un levier momifié par le scotch américain.
"Appuie fort avec ton pied dans les virages serrés et les gros freins !" me demande Thierry. Et pouvez-vous les compter les "virages serrés" dans les Bosq ? La semelle de ma chaussure prend la forme du socle pendant que Thierry tire sur ce levier tel un ours qui tâcherait d'être délicat. "Et Gauche 160 sur Droite à Fond" j'annonce avec un petit gémissement de douleur en pensant aux gros virages. Les notes défilent seules, Thierry est dans le rythme, nous réalisons le 56ème temps scratch sur 100 autos malgré nos péripéties. Ces routes sont les miennes, je suis chez moi.
25 minutes d'assistance, pas une de plus ! Nos amis, mécaniciens pour l'heure, nous attendent sous les projecteurs. Il n'y a pas une minute à perdre. Flo, Thierry et Rémi s'affairent autour de la boîte de vitesses. Il faut prendre une décision rapidement pour avoir le temps de la mettre en œuvre. J'entends que l'on crie mon nom à plusieurs reprises : "Le temps, Réjane ! Combien il reste de temps ?". Des vis, des boulons, des outils défilent... et ce ne sont jamais les bons ! Thierry est allongé sur le plancher de la 106, Rémi est en dessous... et ils gueulent. Pendant ce temps, Seb et Flo font l'assistance générale et vérifient que "rien n'ait bougé" sous les feux de notre caméraman, Fabien. "Deux minutes ! Il faut y aller !". Je vais pointer, Thierry me rejoint. C'est bon, le rallye continue.
Une question de confiance... Samedi, Thierry part dans une auto dont la fiabilité ne sera prouvée qu'après quelques spéciales. "Comment se lâcher quand tu sais que tu peux louper une vitesse ? me sonde-t-il. On pourrait sortir fort !". La montée de la Sainte Baume est rude pour la petite saucisse. Les grosses épingles immortalisées sur l'affiche du rallye 2007 nous font perdre du temps à la relance. Thierry va essayer plusieurs manières de les négocier. Dans les Crêtes, il y a aussi ce virage où Thierry ne m'écoute pas. "Il passe bien plus vite que tu ne crois ce virage, mais à chaque fois, tu ralentis trop, non ?" je lui soumets. "Change la note, si tu es sûre de toi. Il faut que je m'en souvienne quand tu me l'annonces". Quelle responsabilité ! Une question de confiance, encore...
Le soleil du midi fait surchauffer les petits moteurs. Le chrono partiel nous annonce 2 secondes de plus dans la montée. Avant d'arriver au Col de l'Espigoulier, Thierry relâche un peu les gaz. "Elle surchauffe, il faut que je soulage..." me lance-t-il déçu. Thierry va aborder la descente dans un esprit de récupération de secondes perdues bêtement. Entre les murets, la 106 glisse juste ce qu'il faut. J'entends son souffle... les enchaînements sont difficiles. Après l'intersection, la portion est rapide malgré la sinuosité du terrain. J'aime quand les "à fond" passent à fond et que j'ai envie de le raisonner. "Allez, on est bon...", mais qu'est-ce que ça veut dire Réjane ? Thierry s'en fout. Les freinages sont retardés et on garde les gaz au maximum. A l'arrivée, Thierry a récupéré les secondes perdues et en gagne deux par rapport au premier passage. "Peut mieux faire"... c'est la pensée qui nous anime.
"Prends mon casque, je n'en peux plus !" c'est la chaude routine des arrivées de spéciale. "Je n'ouvre pas les fenêtres en voiture parce que je m'entraîne à résister à la chaleur pour le jour où je ferai du rallye", tout le monde se moquait de moi lorsque je prononçais ces mots en 2006, en rentrant de mon stage chez Oreca. Et Pierre en bavait de cette chaleur, assis à côté de moi sans comprendre l'objectif de l'entraînement. Mais ceux qui "crevaient de chaud" ce weekend faisaient moins les malins en me voyant porter ma cagoule noire en plein cagnard ! L'on comprenait tout de suite mon entraînement de barbare. Chacun s'entraîne comme il peut : certains liment le goudron, d'autres n'ouvrent tout simplement pas les fenêtres et s'y croient !
Je jubile quand mes yeux lisent un chrono meilleur... et j'aimerais les arrêter les secondes quand la ligne d'arrivée tarde à arriver. Dans la Sainte Baume et dans les Crêtes, je lance à Thierry "On est mieux, on continue comme ça". Sinon, je n'ai rien dit. Les chronos partiels sont des outils à double tranchan mais cela donne une indication à Thierry sur son rythme. Mon chrono jaune et noir scotché sous mes yeux à l'arceau est mon ami fidèle pour éviter les déceptions. La dernière "Sainte Baume" s'est courue sur le rythme d'un "pas le droit à l'erreur" délicieux. Notre équipage gagne 9 secondes par rapport au passage précédent. La descente était infernale, magnifique et même méchante. "Là, ce sont tes temps Thierry", je me permets de dire à mon pilote. Sans tous les ennuis mécaniques, on aurait du courir comme ça dès le début.
Merci à toute l'équipe pour ces merveilleux moments de chaleur ! Nous ne nous sommes jamais sentis autant soutenus. L'ambiance était au rendez-vous. Merci à Thierry pour ces poussées d'adrénaline et de m'avoir embarquée sur le Rallye qui a fait naître en moi toutes ces envies de vitesse. A bientôt pour la Montagne Noire, dans le Tarn, en terres inconnues ! Un weekend de reconnaissances avant le rallye avec une nuit en camping... c'est c'est parti pour aborder les sous-bois chauds et humides le weekend-end du 24, 25 et 26 Juillet.
Commentaires