L'affichage digital décompte les secondes au départ de l'ES8, La Tourette, une épreuve spéciale magnifique qui vous emmène au bout du monde, dans le sous-bois, entre les murs d'un village ensorcelé par un vieux monsieur ! Et j'angoisse! Pourquoi ? Il y a quelque chose d'impalpable dans l'air... Ce rallye, je l'aime déjà ! Mais, dans cette épingle joliment négociée par Thierry, c'est le vide ! "Je n'ai plus de vitesses" j'entends dans la radio. Le moteur tourne dans le vide... Pour moi, tout va s'arranger. Parce que "Quand on veut, on peut". Et je ne lâcherai pas, bordel de merde ! Je fais l'enfant égoïste, capricieux, rageur, devant mon jouet cassé... Thierry prend sur lui, plus déçu que moi sans aucun doute. Nous finirons la spéciale de La Tourette tractés par notre assistance (merci les gars !!!), sous les yeux du vieux monsieur dont je n'oublierai pas le visage !
"Le Rallye Montagne Noire est un très beau rallye ! Il est jumelé au Rallye Sainte Baume !", je vante à Thierry pendant que mon rôle de copilote se transforme en "commerciale". Je me souviens des beaux paysages, de l'ambiance Tarnoise... et j'arrive à transmettre cette envie à Thierry. Pourtant, dans sa vie professionnelle, c'est le moment de la saison le plus dur ! L'idée folle nous envahit : parcourir 430km dans un camion d'assistance qui ne dépassera pas les 90km/h en tractant le bijou ! Trois mois après mon speech, partis Vendredi à 8h de Carcès, nous roulons pendant 6h30... Tristan, Guillaume et le p'tit chien (Bloody) nous suivent et c'est rassurant : we're not crazy, we're alive !
22h environ, nous sortons du Parc fermé. Je m'approche du pilote de devant. C'est un martiniquais, souriant comme on voudrait qu'il soit ! Le "bonhomme" semble heureux et bon vivant... il calme mes envies "de concurrence acharnée" par sa simple bonne humeur. De toutes façons, l'ES1 se fera en liaison. Et c'est une très mauvaise nouvelle ! Les pilotes attendent sur le bord de la route... sentant la fatigue monter. En approchant de l'ES2 des Yès, je me demande comment Thierry peut conserver sa concentration... j'en serais honnêtement incapable, je rendrais les clés à sa place ! Il est 1h00 du mat' ! "Est-ce que tu peux crier dans la radio pour me réveiller et me garder concentré s'il te plait !" me demande Thierry. Ce n'est pas dans son habitude, je crie toujours trop ! Et là, je comprends... nous n'aurions pas du rouler la journée entière en camion. "Go !", les fauves sont lâchés sur cette magnifique spéciale de 18km qui change de style comme de "chemise" !!! Je hurle... mais j'ai du malà rester concentré et dans le rythme, je m'en veux. Après l'épingle, puis l'intersection qui saute sur la gauche, nous sommes sur cette route étroite, recouverte d'un épais tapis de graviers... Thierry m'a dit "Dis-moi dès que c'est sale, ok ?!! Même si ce n'est pas noté !" ...OK !!! Mais c'est l'hécatombe ! La Punto S2000 et sa copine Mitsu' sont OUT ! On passe entre les deux "épaves" ! Faisons comme si l'on n'avait rien vu ! Les virages s'enchaînent... et me surprennent... ! La descente vers les épingles est vertigineuse après cette Clio "sur le toit"... "300 mètres à Fond sur descente bosselée !" dit ma voix dans en tremblant... cette partie vous jette, c'est génial mais il faut être concentré ! L'arrivée est là... Thierry est tellement fatigué, il a très peu apprécié cette spéciale. Et pourtant, qu'elle était belle, la coquine... une vraie "salope", comme qui dirait !
C'est le matin... Notre assistance s'est levée tôt pour partir à la recherche des matériaux qui vont servir à minimiser les surchauffes de notre radiateur d'huile. En 20 minutes d'assistance, nous partons vers la spéciale de Fontbruno, large comme un circuit ! Thierry ne l'aime pas... elle manque de rythme pour notre petit moteur. Mais la Loubatière, c'est autre chose ! L'asphalte se fraie un chemin entre les sapins, avec un tapis d'herbe verte sur les côtés et des épines sèches tombées des grands arbres. Entre tout ça, le goudron fond comme du beurre au soleil. Thierry jette nos roues dans les cordes... L'on frôle la correctionnelle ! La 106 "part du cul", son pilote la rattrape... gauche, droite... ça repart après un balancement douteux. De bons chiffres s'écrivent lentement au tableau d'arrivée ! Ca fait plaisir... (Une pensée pour Seb Ceugnet qui est sorti avant l'arrivée... belle performance dans les Yès cependant !)
Le deuxième tour commence dans de mauvais chronos... mais c'est pareil pour tout le monde. L'asphalte est de plus en plus glissant... Dans La Tourette, Thierry veut améliorer son temps... Et je touche du bois à chaque départ de cette maléfique spéciale, dioboliquement envoûtante. Thierry veut améliorer son pilotage, ses trajectoires et rouler "propre". Au partiel, nous sommes en retard, je ne dis rien. C'est très glissant. Dans mes notes, je ne suis pas le tempo. Mon esprit est ailleurs avant d'arriver à ce village... j'essaie d'être au mieux... On passe entre les murs, et puis l'épingle "ultra serrée" est joliement négociée. Ai-je à peine le temps de dire à Thierry "Ouais !" que nous sommes au ralenti dans cette descente que je connais trop bien. "Les vitesses ne rentrent plus" me dit le pilote. Garés au premier poste de secours, je ne lâcherai pas le morceau. Dans ma tête, je pense "Je veux repartir, il est inconcevable qu'on ne reparte pas. PUTAIN !!!". Les spectateurs compatissants sont nombreux, je les imagine déjà en train de nous pousser par équipe relais de trois ou quatre. Il faut finir, bordel ! Mais Thierry prononce le verdict : abondon mécanique dans ES7. Le diagnostic sera un cardan renforcé cassé net.
Devons-nous croire aux signes ? Le faisons-nous parce que ça nous rassure ? Est-ce possible d'établir un lien entre deux situations scientifiquement sans lien ? Ou bien, est-ce qu'un sentiment de culpabilité ou de reproche non discuté engendre des émotions de crainte ? Ecouter et partager des prises de décision est une recette de la passion en course. La leçon : le rallye se court à deux, sinon cela s'appelle de la course de côte. Vivement le Rallye de Haute Provence les 19 et 20 Septembre.
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"Le Rallye Montagne Noire est un très beau rallye ! Il est jumelé au Rallye Sainte Baume !", je vante à Thierry pendant que mon rôle de copilote se transforme en "commerciale". Je me souviens des beaux paysages, de l'ambiance Tarnoise... et j'arrive à transmettre cette envie à Thierry. Pourtant, dans sa vie professionnelle, c'est le moment de la saison le plus dur ! L'idée folle nous envahit : parcourir 430km dans un camion d'assistance qui ne dépassera pas les 90km/h en tractant le bijou ! Trois mois après mon speech, partis Vendredi à 8h de Carcès, nous roulons pendant 6h30... Tristan, Guillaume et le p'tit chien (Bloody) nous suivent et c'est rassurant : we're not crazy, we're alive !
22h environ, nous sortons du Parc fermé. Je m'approche du pilote de devant. C'est un martiniquais, souriant comme on voudrait qu'il soit ! Le "bonhomme" semble heureux et bon vivant... il calme mes envies "de concurrence acharnée" par sa simple bonne humeur. De toutes façons, l'ES1 se fera en liaison. Et c'est une très mauvaise nouvelle ! Les pilotes attendent sur le bord de la route... sentant la fatigue monter. En approchant de l'ES2 des Yès, je me demande comment Thierry peut conserver sa concentration... j'en serais honnêtement incapable, je rendrais les clés à sa place ! Il est 1h00 du mat' ! "Est-ce que tu peux crier dans la radio pour me réveiller et me garder concentré s'il te plait !" me demande Thierry. Ce n'est pas dans son habitude, je crie toujours trop ! Et là, je comprends... nous n'aurions pas du rouler la journée entière en camion. "Go !", les fauves sont lâchés sur cette magnifique spéciale de 18km qui change de style comme de "chemise" !!! Je hurle... mais j'ai du malà rester concentré et dans le rythme, je m'en veux. Après l'épingle, puis l'intersection qui saute sur la gauche, nous sommes sur cette route étroite, recouverte d'un épais tapis de graviers... Thierry m'a dit "Dis-moi dès que c'est sale, ok ?!! Même si ce n'est pas noté !" ...OK !!! Mais c'est l'hécatombe ! La Punto S2000 et sa copine Mitsu' sont OUT ! On passe entre les deux "épaves" ! Faisons comme si l'on n'avait rien vu ! Les virages s'enchaînent... et me surprennent... ! La descente vers les épingles est vertigineuse après cette Clio "sur le toit"... "300 mètres à Fond sur descente bosselée !" dit ma voix dans en tremblant... cette partie vous jette, c'est génial mais il faut être concentré ! L'arrivée est là... Thierry est tellement fatigué, il a très peu apprécié cette spéciale. Et pourtant, qu'elle était belle, la coquine... une vraie "salope", comme qui dirait !
C'est le matin... Notre assistance s'est levée tôt pour partir à la recherche des matériaux qui vont servir à minimiser les surchauffes de notre radiateur d'huile. En 20 minutes d'assistance, nous partons vers la spéciale de Fontbruno, large comme un circuit ! Thierry ne l'aime pas... elle manque de rythme pour notre petit moteur. Mais la Loubatière, c'est autre chose ! L'asphalte se fraie un chemin entre les sapins, avec un tapis d'herbe verte sur les côtés et des épines sèches tombées des grands arbres. Entre tout ça, le goudron fond comme du beurre au soleil. Thierry jette nos roues dans les cordes... L'on frôle la correctionnelle ! La 106 "part du cul", son pilote la rattrape... gauche, droite... ça repart après un balancement douteux. De bons chiffres s'écrivent lentement au tableau d'arrivée ! Ca fait plaisir... (Une pensée pour Seb Ceugnet qui est sorti avant l'arrivée... belle performance dans les Yès cependant !)
Le deuxième tour commence dans de mauvais chronos... mais c'est pareil pour tout le monde. L'asphalte est de plus en plus glissant... Dans La Tourette, Thierry veut améliorer son temps... Et je touche du bois à chaque départ de cette maléfique spéciale, dioboliquement envoûtante. Thierry veut améliorer son pilotage, ses trajectoires et rouler "propre". Au partiel, nous sommes en retard, je ne dis rien. C'est très glissant. Dans mes notes, je ne suis pas le tempo. Mon esprit est ailleurs avant d'arriver à ce village... j'essaie d'être au mieux... On passe entre les murs, et puis l'épingle "ultra serrée" est joliement négociée. Ai-je à peine le temps de dire à Thierry "Ouais !" que nous sommes au ralenti dans cette descente que je connais trop bien. "Les vitesses ne rentrent plus" me dit le pilote. Garés au premier poste de secours, je ne lâcherai pas le morceau. Dans ma tête, je pense "Je veux repartir, il est inconcevable qu'on ne reparte pas. PUTAIN !!!". Les spectateurs compatissants sont nombreux, je les imagine déjà en train de nous pousser par équipe relais de trois ou quatre. Il faut finir, bordel ! Mais Thierry prononce le verdict : abondon mécanique dans ES7. Le diagnostic sera un cardan renforcé cassé net.
Devons-nous croire aux signes ? Le faisons-nous parce que ça nous rassure ? Est-ce possible d'établir un lien entre deux situations scientifiquement sans lien ? Ou bien, est-ce qu'un sentiment de culpabilité ou de reproche non discuté engendre des émotions de crainte ? Ecouter et partager des prises de décision est une recette de la passion en course. La leçon : le rallye se court à deux, sinon cela s'appelle de la course de côte. Vivement le Rallye de Haute Provence les 19 et 20 Septembre.
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