C'est au rallye de Vence que le réveil a sonné. Après les déceptions, les moments de doute, d'espoirs puis de pur abandon, on laisse tomber. On
a besoin de réfléchir. Mais deux jours après le rallye de Fayence, le téléphone sonne dans un moment où l'on pensait mettre le rallye de côté. Et une lueur apparaît... une lueur nouvelle, attirante et certes déconcertante. Votre cœur s'emballe à nouveau comme une bête furieuse, et les rêves reprennent forme. Je suis aux côtés de Christian Estienne au Rallye du Pays Vençois sur sa jolie Porsche 964 RS en GT10.
Le rallye commence Samedi 6 novembre à midi. Enfin, non, il commence plus tôt... dans le garage de Christian, pleins de questions dans la tête. Une difficulté lui met des bâtons dans les roues depuis quelques temps : la fabrication de ses amortisseurs. Après de sérieuses déceptions quant à la construction de ceux-ci, puis plusieurs essais, l'auto est chargée sur la remorque. L'équipe part. Le rallye de Vence est un rallye régional qui doit servir de test pour entamer un rallye du Var copieux... et appétissant. De mon coté, figurer dans le peloton de tête est nouveau. Plus qu'une question de fierté mal placée, c'est un apprentissage qui recommence et qui me fait revivre mes premiers instants en rallye. J'ai envie d'être à la hauteur et j'entends Thierry dire à son ancien copilote "Monte dans une grosse auto, tu vas voir ce que c'est !"
Samedi, à13h18, nous sortons du parc fermé. Dans la Porsche, je suis bien installée et me sens déjà "chez moi". Au départ de l'ES1, je ne me pose pas mille questions. Ça va marcher, je ne peux pas faire autrement. Les accélérations sont franches et fortes. La voiture glisse, mais à cause de ma mauvaise connaissance des propulsions je ne me permets pas d'émettre de jugement. En fait, la Porsche glisse trop pour être efficace. Les notes sont lues dans un rythme qui satisfait Christian Estienne. Mais le pilote est secoué de constater que ses amortisseurs ne lui permettent pas d'attaquer. Un grand coup sur le moral est porté, il ne peut pas rouler comme il veut. De mon côté, je ressens deux choses opposées : à moitié contente parce que les sensations sont fortes, à moitié déçue que mon pilote ne prenne que peu de plaisir à diriger une bestiole très floue.
Après une longue pause de 3h30 pour cogiter sur ses foutus amortisseurs, nous nous lançons dans la 4ème ES, la descente du Col de Vence. Alors que trois spéciales se sont déroulées de manière satisfaisante, je ne suis pas le rythme. Au point Stop où l'auto s'arrête, je m'excuse auprès de Christian qui confirme directement ma pensée : je l'ai ralenti dans plusieurs endroits. Tout à coup, je ressens quelque chose que je n'avais pas vécu depuis le rallye de Norvège : un terrible énervement contre moi-même. Mais cette fois, je suis déçue pour Christian parce qu'il ne mérite pas ça. L'entrée en parc fermé de 1ère étape sera suivie d'un repas convivial à l'hôtel. Dans ma tête, ça bouillonne. David attend avec moi à la pizzeria et essaie d'être un bon réconfort, tellement naturel. Après quelques taquineries de la part de Christian qui ne m'accuse pas trop, nous vivrons quelques péripéties avec une équipe d'assistance très attachante et amusante puis nous endormirons pour une nuit "qui porte conseil".
Dimanche matin, le Col de Vence n'est pas humide. Christian essaie d'attaquer par rapport aux réglages de la veille. Mais ce n'est pas encore ça. De mon côté, le rythme des notes convient à Christian. C'est bon, mais je ne m'endormirai plus sur mes acquis. Dans Bézaudin, ultra humide, les conditions ne sont pas réunies pour effectuer un temps. L'auto est inconduisible. Pendant la spéciale, malgré une concentration maximale sur mes notes, j'arrive à sentir Christian perdre sa motivation quant à l'auto, perdre... beaucoup, beaucoup trop de mètres dans ses freinages et des secondes dans son chrono. L'auto n'est pas saine. Dans ces moments là, on aimerait savoir quoi faire, quoi dire, être la personne parfaite qui sait réconforter, ranimer et solutionner !
A l'assistance, Christian est ailleurs... Il pense à cette chose que je refuse d'imaginer. Une dernière tentative de réglage est lancée, après des conseils bien intentionnés mais parfois fatiguants. Alors que Christian n'y croit plus, l'auto semble avoir un comportement plus sain. Au départ de l'ES 7 du Col de Castellaras, je me sens bien... et bien décidée à trouver le rythme harmonique. Et ça roule, là oui, ça roule. Les freinages sont repoussés et l'auto semble plus saine dans les tout premiers virages. Mais l'euphorie ne résolut pas un problème fondamental. Dans un droite rapide, la Porsche décroche et l'arrière nous double très vite. Là j'espère tellement longtemps ne pas quitter la route, alors que notre bolide navigue en sens inverse. Mais le bas côté nous reçoit subitement. Christian ne mérite pas ça. Je crois que l'on reconnait lorsqu'un pilote perd beaucoup en regardant ses yeux... profonds et profondément loin et proche... de sa voiture qu'il regarde avec douleur. Et j'ai peur... toujours peur que ce ne soit ma faute... parce que cette année était une année de merde et surtout injuste. J'aimerais crier, mais je ne le ferai pas car il y a mieux à faire : préparer l'auto pour son remorquage. Devant la motivation et l'énergie de Christian dans un moment si décourageant, on ne peut que suivre, y croire et l'aider de toutes ses petites forces. Au final, la sortie n'aura pas occasionné de gros dégâts, juste assez pour nous déclarer forfaits pour le mythique Rallye du Var.
Déçu et fatigué, Christian l'est sans aucun doute. Moi, je suis heureuse pour les sensations que j'ai vécues ce WE... Et malgré un gros coup porté au moral, la suite a intérêt à être encore bien meilleure !!! Merci à toute l'équipe...
a besoin de réfléchir. Mais deux jours après le rallye de Fayence, le téléphone sonne dans un moment où l'on pensait mettre le rallye de côté. Et une lueur apparaît... une lueur nouvelle, attirante et certes déconcertante. Votre cœur s'emballe à nouveau comme une bête furieuse, et les rêves reprennent forme. Je suis aux côtés de Christian Estienne au Rallye du Pays Vençois sur sa jolie Porsche 964 RS en GT10.
Le rallye commence Samedi 6 novembre à midi. Enfin, non, il commence plus tôt... dans le garage de Christian, pleins de questions dans la tête. Une difficulté lui met des bâtons dans les roues depuis quelques temps : la fabrication de ses amortisseurs. Après de sérieuses déceptions quant à la construction de ceux-ci, puis plusieurs essais, l'auto est chargée sur la remorque. L'équipe part. Le rallye de Vence est un rallye régional qui doit servir de test pour entamer un rallye du Var copieux... et appétissant. De mon coté, figurer dans le peloton de tête est nouveau. Plus qu'une question de fierté mal placée, c'est un apprentissage qui recommence et qui me fait revivre mes premiers instants en rallye. J'ai envie d'être à la hauteur et j'entends Thierry dire à son ancien copilote "Monte dans une grosse auto, tu vas voir ce que c'est !"
Samedi, à13h18, nous sortons du parc fermé. Dans la Porsche, je suis bien installée et me sens déjà "chez moi". Au départ de l'ES1, je ne me pose pas mille questions. Ça va marcher, je ne peux pas faire autrement. Les accélérations sont franches et fortes. La voiture glisse, mais à cause de ma mauvaise connaissance des propulsions je ne me permets pas d'émettre de jugement. En fait, la Porsche glisse trop pour être efficace. Les notes sont lues dans un rythme qui satisfait Christian Estienne. Mais le pilote est secoué de constater que ses amortisseurs ne lui permettent pas d'attaquer. Un grand coup sur le moral est porté, il ne peut pas rouler comme il veut. De mon côté, je ressens deux choses opposées : à moitié contente parce que les sensations sont fortes, à moitié déçue que mon pilote ne prenne que peu de plaisir à diriger une bestiole très floue.
Après une longue pause de 3h30 pour cogiter sur ses foutus amortisseurs, nous nous lançons dans la 4ème ES, la descente du Col de Vence. Alors que trois spéciales se sont déroulées de manière satisfaisante, je ne suis pas le rythme. Au point Stop où l'auto s'arrête, je m'excuse auprès de Christian qui confirme directement ma pensée : je l'ai ralenti dans plusieurs endroits. Tout à coup, je ressens quelque chose que je n'avais pas vécu depuis le rallye de Norvège : un terrible énervement contre moi-même. Mais cette fois, je suis déçue pour Christian parce qu'il ne mérite pas ça. L'entrée en parc fermé de 1ère étape sera suivie d'un repas convivial à l'hôtel. Dans ma tête, ça bouillonne. David attend avec moi à la pizzeria et essaie d'être un bon réconfort, tellement naturel. Après quelques taquineries de la part de Christian qui ne m'accuse pas trop, nous vivrons quelques péripéties avec une équipe d'assistance très attachante et amusante puis nous endormirons pour une nuit "qui porte conseil".
Dimanche matin, le Col de Vence n'est pas humide. Christian essaie d'attaquer par rapport aux réglages de la veille. Mais ce n'est pas encore ça. De mon côté, le rythme des notes convient à Christian. C'est bon, mais je ne m'endormirai plus sur mes acquis. Dans Bézaudin, ultra humide, les conditions ne sont pas réunies pour effectuer un temps. L'auto est inconduisible. Pendant la spéciale, malgré une concentration maximale sur mes notes, j'arrive à sentir Christian perdre sa motivation quant à l'auto, perdre... beaucoup, beaucoup trop de mètres dans ses freinages et des secondes dans son chrono. L'auto n'est pas saine. Dans ces moments là, on aimerait savoir quoi faire, quoi dire, être la personne parfaite qui sait réconforter, ranimer et solutionner !
A l'assistance, Christian est ailleurs... Il pense à cette chose que je refuse d'imaginer. Une dernière tentative de réglage est lancée, après des conseils bien intentionnés mais parfois fatiguants. Alors que Christian n'y croit plus, l'auto semble avoir un comportement plus sain. Au départ de l'ES 7 du Col de Castellaras, je me sens bien... et bien décidée à trouver le rythme harmonique. Et ça roule, là oui, ça roule. Les freinages sont repoussés et l'auto semble plus saine dans les tout premiers virages. Mais l'euphorie ne résolut pas un problème fondamental. Dans un droite rapide, la Porsche décroche et l'arrière nous double très vite. Là j'espère tellement longtemps ne pas quitter la route, alors que notre bolide navigue en sens inverse. Mais le bas côté nous reçoit subitement. Christian ne mérite pas ça. Je crois que l'on reconnait lorsqu'un pilote perd beaucoup en regardant ses yeux... profonds et profondément loin et proche... de sa voiture qu'il regarde avec douleur. Et j'ai peur... toujours peur que ce ne soit ma faute... parce que cette année était une année de merde et surtout injuste. J'aimerais crier, mais je ne le ferai pas car il y a mieux à faire : préparer l'auto pour son remorquage. Devant la motivation et l'énergie de Christian dans un moment si décourageant, on ne peut que suivre, y croire et l'aider de toutes ses petites forces. Au final, la sortie n'aura pas occasionné de gros dégâts, juste assez pour nous déclarer forfaits pour le mythique Rallye du Var.
Déçu et fatigué, Christian l'est sans aucun doute. Moi, je suis heureuse pour les sensations que j'ai vécues ce WE... Et malgré un gros coup porté au moral, la suite a intérêt à être encore bien meilleure !!! Merci à toute l'équipe...
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