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"Vas-y, Roule ! Roule"... c'est une drogue qui fait du bien.

J'arrive, haletante, dégoulinante, épuisée... au point où ils m'attendent vaillamment, à peine échauffés. Et alors que je viens à peine de répondre "Oui, ça va !" sur un ton neutre, avec un léger sourire, en avalant une gorgée d'eau, j'entends déjà Gaby ou Pierrot dire "Vas-y, roule, roule !!" Et ça y est, la troupe est repartie... moi avec ! Et je m'accroche, je tente de pédaler plus vite... mais je reviens très vite à moi. Non, ce n'est pas la peine de se griller tout de suite : plus vite je pédalerai, plus vite ils pédaleront. A ce jeu, je suis d'avance perdante !!! C'est un peu le scénario qui s'est produit à chaque sortie depuis maintenant 1 an que je roule avec les Vieux Cochons !

Ce premier soir où j'ai pris mon courage à deux mains pour me rendre au rendez-vous fatidique du mardi soir en Mai 2014, je ne l'oublierai pas. Nous sommes presque 15 vététistes et je ne connais personne ! Fred le Boucher, qui a réussi à me convaincre de venir, n'est même pas là. Je fais la rencontre de Gaby, et il y a 2 femmes dans le groupe. Et tout le monde reluque mon vieux Rockrider... Ils ont tous des vélos de fous, des tenues de fous... Lancés, je crois entendre que nous allons monter au "Deffends"... et je sais bien ce que cela veut dire. Lâche rien ! Tiens bon... L'ascension est difficile et je reste un moment dans les roues d'une des femmes... jusqu'à passer devant ! Gaby revient à notre rencontre à de multiples reprises pour nous motiver. Je n'ai pas poussé ! Et là, en haut de cette magnifique colline de Bras que je n'échangerai avec rien d'autre... ils parlent d'un "Single". Ils me rassurent et me disent de ne pas m'inquiéter : ce ne sera pas difficile ! Mais, au fond de moi, je jubile en secret ! Pour une fois que ce n'est pas moi qui entraîne les autres, et que je vais découvrir des sentiers inconnus ! "La Bourville", c'est le nom qu'ils ont donné à ce single que je connais pour moitié. Il est tantôt terreux et feuillu, tantôt caillouteux et pentu ! Un vrai bonheur... malgré ma fatigue certaine et ma technique très passable ! Voir tout ce monde dans ce petit sentier, c'est un joli tableau. Ca y est, j'ai trouvé une sacrée équipe ! Et je reviendrai assidûment tout au long de l'année.

10 mois plus tard, nous sommes un mardi soir en Mars 2015. Après un poussage bien raide (merci Gaby !), nous attaquons ce single sinueux, caillouteux puis terreux, qui descend en coupant la route de Brignoles. Cette trace, je l'ai regardée tant de fois en me disant "tu crois qu'ils passent par là ?". Mon corps encaisse les secousses sur cette nouvelle fourche qui soulage mes bras. Malgré l'effort, l'appréhension certaine et la fatigue, un sourire s'esquisse sur mes lèvres. Et si je laissais un son sortir, il serait strident d'excitation ! Quelque chose se libère en moi... ce désir de réussir à passer ces obstacles mieux que la fois précédente. Et quand j'approche d'un passage que je sais difficile, je me rappelle que j'ai avalé la difficulté toute crue la fois précédente... et je me lâche. "Si vous ne tentez jamais de passer sur le vélo, vous n'y arriverez jamais !" nous avait accusés Ricou lors de notre découverte des spéciales du Cochon Duro. Il a raison... Quitte à perdre du temps, mieux vaut essayer de passer sur le vélo... et on réussira plus tard ! A chaque sortie suivante, on s'accroche pour passer au mieux, pour ne pas abandonner !


Faire et refaire... Essayer, c'est faire un pas en avant ! "On se met en sécurité, tu ne crains rien." me dit souvent Pierrot lorsqu'il m'invite à essayer des passages difficiles. Je me lance à essayer la descente d'un talus en terre, les fesses "normalement" sur la roue arrière... mais je vois que Gaby, censé me rattraper au cas où, ne me regarde même pas arriver... Il se retourne enfin au son de mes cris et il rigole ! Je passe de justesse à deux reprises... mais ça va rentrer ! Voilà maintenant une montée un peu raide avec deux roches... je pose le pied à terre et ça ne passe pas. "Tu vas le refaire, me dit Pierrot. Tu redescends et tu me suis. On ne reste pas sur un échec !". Je m'exécute pendant que Stéphane s'est doucement échappé de l'exercice... Et puis, en quelques coups de pédales bien forcés, ça passe ! Cela fait du bien.

C'est samedi 25 avril que l'ascension du Deffends commence avec Eric. Cela fait longtemps que je n'ai pas roulé avec lui, un "enduriste" comme ils disent. Tranquillement, je monte à mon rythme. Étonnamment, j'arrive même un peu à tenir la conversation. Sa patience me permet de me libérer. Nous ferons la spéciale 2, puis la spéciale 3. Après la 3ème montée du Deffends, dans le dernier single qu'on appelle la "Bourville" ou bien la "Gaby", Eric me donne des conseils. Et malgré ma difficulté à les appliquer, je comprends la logique et je sens ce que je dois faire. Une découverte... pas facile à appliquer mais super à essayer. Cela me fait sourire. Je le regarde défiler, dévaler dans ces singles...et tout semble si facile ! Tel un enfant, je regarde ces enchaînements avec envie... et parce qu'il m'attend très fréquemment, j'ai l’occasion d'observer et d'essayer de suivre ses trajectoires. Rien de tel pour vous motiver.

Le samedi suivant, nous remettons le couvert pour une sortie dans des singles tout nouveaux pour moi, mais cette fois-ci avec mon Zesty. Mon nouveau vélo en profitera pour encaisser une bonne séance de réglages. Eric est encore une fois patient, attentif et de bons conseils. Sous un soleil de mai agréable, je découvre la passerelle dont il me parle. Je me poste à côté de celle-ci. Après avoir enlevé quelques petits rochers gênants, il se lance sur ce tremplin qui me semble être un "drop" (corrigez-moi, s'il le faut !!). Et devant mes yeux écarquillés de gamine, il dévale et saute du tremplin de palettes. Un atterrissage nickel me fera dire "Cela semble si simple !". "Mais c'est si simple !" me répond-il. Si seulement c'était vrai. Nous continuons dans un single qu'ils appellent "la Jungle" où la végétation est luxuriante, puis un autre surnommé "le Ski" parce qu'il glisse pour de vrai ! Après une envolée par dessus le vélo sans dégât, puis un arrêt de justesse dans un arbre contre ma poitrine, je peux malgré tout dire que la technique commence à rentrer doucement... du moins dans ma tête. Devant moi, sur son vélo vert, tel un kangourou, Eric dévale ces virages serrés entre les arbres. Il glisse toujours avec grâce sur les feuilles de chênes, il sautille de gauche à droite comme un ressort. Et moi, je tâche de suivre, j'essaie de comprendre.

Le lendemain matin, 9h, c'est reparti pour un tour avec l'équipe des cochons. Nous partons pour une boucle de 35 kms (normalement...) qui alliera des portions de route mais aussi des singles amusants, assez plats. Je tiens bien le rythme et encaisse les moqueries des "cochons" qui, j'avoue, me manquaient bien ! Et mon vélo avance, avance... un peu comme s'il avançait tout seul. Eric peaufine mes réglages à chaque sortie, c'est tellement motivant. Je reconnais le single de la petite rando des Drailles de Saint-Probace que j'avais faite seule en 2012. Puis nous arrivons sur la partie montante et technique qui m'a valu un grand désespoir quelques semaines plus tôt. La revanche, c'est pour aujourd'hui ! Je ne lâcherai rien, c'est dans la tête. J'avale avec difficulté l'abominable montée de la carrière, et je continue sur les parties cassantes qui montent en haut de ce magnifique single qui descend sur la route de Brignoles. Enfin, pour la première fois, je ne suis pas  à la traîne... Avec une roue arrière magique, on se sent pousser des ailes. Eric sourit. Il essaie de me motiver. Sur le retour, il propose de rentrer par un petit single en bas du Deffends qui nous fait éviter la route... Et puis, finalement, on en profite pour monter un peu plus haut et attraper la fin de la spéciale des Crêtes pour bifurquer vers la descente qui va chez Christelle ! Un tour de 39 kms avec, certes, peu de dénivelé, mais qui aura fait bu bien au mental. Pourvu que ça dure comme ça !

L'extase. Cette sensation de bien être que l'on atteint me fait peur... Qu'y a t-il après ? Ne me l'enlevez pas ! Ma respiration est forte, mais mon cœur reste enfin calme... "On ne t'arrête plus !" me dit Eric. C'est simplement parce que je n'ai pas envie que cela s'arrête, pas maintenant, pas aujourd'hui. Je me sens bien, je voudrais que ces moments ne s'arrêtent jamais. Seront-ils aussi bons demain ? Et c'est alors que je me demande si je ressens la fatigue qui devrait m'avoir gagnée, cette fatigue qui me fait du bien et me vide l'esprit... je ne pense rien qu'à ça. Je me sens vivre. Cela me rappelle les fins d'après-midi au ski, lorsque tout le monde s'arrête sauf que moi, je ne voulais pas lâcher ma "dernière" descente... celle qui vous met du baume au cœur.

Une drogue. Je suis en manque. A peine arrivée, je ressens déjà le besoin d'y retourner... d'en parler et de communiquer cette sensation d'euphorie étrange qui m'envahit. Incompréhensible pour beaucoup, mon cœur s'emballe parce qu'il n'a qu'une envie : qu'on lui redonne ces sensations de plénitude, d'aboutissement de soi et de franchissement d'une étape. Je regarde souvent l'heure en me disant "Si je pars maintenant pour une heure, je serai rentrée à temps pour mon rendez-vous". Mais la réalité, c'est que j'aime de moins en moins rouler seule. J'aime partager ces moments. Et j'aime avoir devant moi quelqu'un qui m'épate et me motive. C'est un plaisir d'avoir trouvé cette bande de "Vieux Cochons Brassois" toujours à fond et de bonne humeur.

Aujourd’hui, je ne suis pas allée rouler. "Quoi ? C'est si grave que tu n'ailles pas rouler aujourd'hui?" j'entends sur un ton qui sonne l'incompréhension à des kilomètres. Et je n'ai qu'une envie : qu'on me laisse le temps de revivre dans ma tête et mon cœur ces moments que je trouve magiques. Je regarde la colline du Deffends en passant et je rêve... je me refais le film. Je ressens ce vide qui m'a si souvent donné l'impression d'être un lion en cage ! J'essaie de revoir comment "ils" passent aussi vite dans ces singles. Je me rappelle ces déhanchements, ces dérapages, ces sauts, ces passages en trial... et je rêve.

Parce que la vie nous fait prendre des chemins qui se séparent, mes joies en snowboard se sont peu à peu estompés... et cela me manque. Mais j'ai retrouvé mes sensations, mon extase et ma joie dans une autre discipline... le VTT. Et je n'ai pas envie de lâcher maintenant...

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