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Fayence, 1er rallye : Persiste... et signera plus tard !

Equipage : Thierry Avalle / Réjane Le Gratiet - 106 Rallye

Avant que tout ne commence, des milliers de questions envahissent votre esprit ! Quand dois-je pointer ? Que dois-je calculer ? Aurais-je le temps de me sangler, de lancer la caméra, de brancher et allumer la radio puis d'attraper mes notes le chrono en mains avant que la bestiole ne s'affole ? Et votre coeur commence à battre fort comme si le départ était lancé alors que vous êtes encore assis à la table du café de Fayence. Casque en main, habillée d'une jolie combi Sparco blanche (à ne pas salir, sur les ordres du prêteur !)... le départ est à 16h04, on pointe 10 minutes avant... Et c'est là que je comprends que le Rallye, c'est vraiment une question de rigueur bête et méchante. Et puis finalement, tout paraît simple...

On est dans l'auto et Thierry me stresse. On ne se connaît pas bien et la pression commence à monter. Mon pote est dans l'ES1 : il attend notre passage. "Prends un pied comme je l'ai pris" m'avait dit un copain... et là, je commençais à me demander si j'allais le prendre... ce pied ! Il n'y a pas, entre nous, cette complicité qui rend les choses plus simples. J'ai l'impression d'être en période d'essai pour le job de ma vie... et je me bats contre moi-même pour faire retomber une pression qui me fait perdre mes moyens ! "Putain, ce n'est qu'un rallye régional, Bordel ! Tout le monde a eu sa première fois et tu n'es pas plus bête qu'une autre !!!"...

Il commence à pleuvoir ! Première spéciale annulée... Les 120 équipages restants, dont nous, font demi-tour et se suivent jusqu'à l'ES2... et là encore, on attend... pour finalement passer Tanneron en liaison ! Au total, cela fait 6 heures d'attente pour s'entendre dire "vous avez 80% de chances de ne pas faire l'ES 3 faute d'autorisation préfectorale". Là, Thierry et moi commençons à nous dire que ce rallye est une catastrophe. Pilotes et copilotes discutent et râlent avec humour sur le bord de la route... Grâce à tous ces imprévus, ma pression a disparu. Passage à l'assistance : l'équipe monte la rampe de phares sans savoir si nous ferons cette spéciale diabolique qui serpente dans les gorges de la Siagne sur une route serrée, bosselée et détrempée. C'est ma préférée !

"Alors, on la passe en liaison celle-là aussi ?" dis-je au commissaire en arrivant au CH de la spéciale. "Non, non. Vous la faîtes celle-là !". Oh Putain, ça y est ! Ma première spéciale, dans la nuit en plus, et sur une route détrempée ! Au départ, un commissaire me crie "C'est vous Marie-Jeanne ? C'est votre 1er rallye ? Fabien nous a dit de vous souhaiter Bonne Chance" et il tapote mon casque en guise d'encouragements ! Je vois cinq doigts... puis quatre, trois, deux, un ! "Et 80m, gauche à fond !" C'est parti. Et j'oublie de lancer le chrono ! Je visualise assez mal les virages et j'ai du retard sur deux-trois notes... ou parfois de l'avance ! Je suis pourtant étrangement calme ! Je ne sens pas la vitesse... parce que je ne pense qu'à moi et mes notes ! "100m gauche à fond... euh ! A vue ! C'est bon, 100m, droite à fond sur gauche à fond borne !". Il était là : mon premier "A vue !". Nous faisons le 21ème temps scratch avec 00'01"5 d'avance sur celui qui fait généralement la classe en A5 avec sa 106 Kit Car. "Il aurait fallu lui en prendre plus, c'est la nuit qu'on peut lui prendre des secondes ! Demain, dans l'allonge, il va nous la mettre !" m'explique Thierry, un peu déçu.

Dimanche, nous sommes levés à 6h après une nuit confortable mais trop courte. L'on part en 48ème position au général. En soirée, l'assistance nous a concocté un petit plat italien : pâtes à la carbonara puis on file au lit ! Mon photographe en herbe part dans l'ES4 pour nous voir passer. Et 8h05, le départ est lancé depuis le Parc fermé ! Les 30 minutes d'assistance passées, Thierry commence à me remettre la pression ! Alors là, je dis NON ! Je lui lance un "Tu vas pas me refaire stresser, hein ?". Départ de l'ES4 : je lance le chrono ! Les notes déroulent facilement ."Et 100 mètres, gauche 100 sur gauche 90 sur Attention Droite 140... Attention, humide !". C'était pas prévu... mais cet asphalte neuf glisse comme une patinoire... et je l'ai bien vu ! On passe l'arrivée, je stoppe le chrono ! "On a fait 5'55"9, si j'ai bien pris notre temps !" et le commissaire m'annonce 5'55"4 ! Nous avons 1 seconde d'avance sur la Renault 5 GT Turbo partie devant nous. "C'était très bien, franchement parfait. On continue comme ça et c'est bien." me dit Thierry en enlevant son casque.

On arrive au départ de l'ES5. Le soleil s'est levé... et l'on sait que la route sera principalement séche mais pourra nous surprendre sournoisement dans ces virages ombragés qui nous attendent dans le sous-bois. Le chrono est lancé, Thierry part "comme une balle" ! La 106 Rallye glisse dans tous les sens... et les cordes sont plus que sales ! "DAF corde... très sale !!!" ai-je rajouté sur plusieurs notes à la vue de ce tapis de graviers méchants qui n'attendent qu'une chose : votre tête-à-queue ! La saucisse arrive dans le rapide, c'est cette portion où l'on jette la Peugeot dans les cordes et où les dévers nous secouent dans tous les sens. Ca y est, nous sommes dans cette série difficile à annoncer... on ne pardonnera ni retard ni avance ! Et cette série est passée à fond. Je sens que Thierry a déconnecté ! C'était du bonheur !

Entrée du village de Chateauvieux ! Mon coeur me dit d'annoncer "C'est bon, on arrive au village"... une simple phrase qui signifierait que la portion difficile est finie, on peut laisser retomber la pression. Dans le village, la spéciale assemble de grands virages suivis de trois lignes droites infinies ! Rien de bien méchant, donc c'est le moment d'être cool mais sans forcément lever le pied ! Mais je ne dis rien, de peur de couper son élan. "100 mètres, Attention Bosse ! Attention, la Bosse !", je répète quand même ! Et là, calé en 4ème vitesse à 120km/h... Thierry reste soudé ! Pour lui, cette foutue cuvette prise en étau entre deux vieilles maisons va passer à FOND ! Et la 106 décolle, le cul part à droite, l'avant plonge à gauche dans le mur... Ce bruit insupportable de la carrosserie qui frappe fort est suivi d'un demi-tour forcé qui nous jette contre le mur d'en face où l'auto stoppe sa course net. Nous sommes en sens inverse, face à cette bosse qui nous avait coûté le rallye. "Attention, putain, les voitures vont arriver en face !". Thierry redémarre et remonte vite en sens inverse jusqu'au poste de secours ! "Mais ? Qu'est-ce que tu fais ? On ne repart pas ?". Thierry me répond avec sarcasme "Et non, mademoiselle, le Rallye s'arrête là." Je sens dans le ton énervé de sa voix qu'il s'en veut et que les remords le rongent. Comme me l'avait promis Rémi : "Un rallye, une caisse !". Appuyée sur ce muret aux côtés des spectateurs qui avaient vu notre envol, je n'arrive pas à admettre que c'est fini. Et pourtant, ça y est, mon premier Rallye s'est terminé ici.


Commentaires

Unknown a dit…
So good......

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