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Mommy : Stone, le Monde est Stone.


Discours à ma mère le 17 novembre 2014,
au Crématorium Saint-Pierre. 
Listening to "Le monde est Stone" and
"Pour que tu m'aimes encore" de Céline Dion.


Ma petite maman,
Tout me fait penser à toi, et je ne sais pas comment réparer ce déchirement qui arrive si soudainement. Je n’étais pas prête, cela arrive trop tôt.

Je me demande qui pourra m’aimer autant que toi et me le dire aussi souvent ? Qui pourra me trouver si belle peu importe les moments ? Qui aura peur pour moi lorsqu’il y a des orages ? Ton amour inconditionnel est irremplaçable. J’étais ton Soleil, ta petite Reine… Tu m’admirais. Je n’aurais pas pu espérer mieux, tu as tout fait merveilleusement bien.

Tu as eu du courage et de la volonté. Tu m’as fait découvrir et aimer le monde à travers les voyages, le ski, la mer, les animaux, les plantes… et l’anglais. Je n’ai jamais manqué de rien… tu n’as vécu que pour moi, je le sais. Jusqu’au dernier moment, tu ne pensais qu’à moi et tu n’avais qu’une envie : me gâter et me voir belle. Comme tu le disais, tu m’as aimée peut être trop.



J’ai tant de souvenirs en tête, qui me font sourire et pleurer. Tu étais tellement belle et quand j’étais petite, je te le disais souvent… Puis je te l’ai dit de moins en moins. Et je le regrette. Pourtant j’avais envie que tu continues à te faire belle et j'aimais t’acheter de jolis vêtements jusqu’au dernier moment. Cela me faisait garder espoir. Maintenant, je ressens une douleur profonde à chaque fois que je vois quelque chose que j’aurais aimé t’offrir : maintenant, tu n’es plus là.
Ta vie n’a pas toujours été facile… mais j’espère l’avoir embellie. J’espère ne jamais t’avoir déçue même quand je m’éloignais pour construire ma vie. Il y a une semaine, tu m’as dit que tu ne m’en voudrais jamais.

Parfois tout d’un coup, je ressens un vide profond… et je n’ai qu’une envie : te téléphoner pour vérifier que tu vas bien, comme tous les matins et tous les soirs. Alors que cela me semblait être une corvée par moment, cela représente maintenant un vide immense pour moi. Tu en avais besoin, mais en fait, moi aussi. Tu as occupé tellement de place dans mon quotidien ces derniers temps. Et il y a encore tant de choses que je voulais partager avec toi.

Mais, j’ai aussi eu besoin de me protéger… Depuis toute petite, je partageais beaucoup de tes craintes. Même si tu as essayé de me protéger au mieux, j’ai dû faire face et me construire une carapace. J’ai surtout essayé de gérer au mieux cette maladie qui te faisait souffrir et dépérir alors que tu avais toute ta tête. Mais j’étais jeune, dépassée et  je perdais souvent patience face à tes plaintes, excuse-moi. Je ne me suis pas rendue compte de tout… et j’ai mis du temps à comprendre. Cela me fait beaucoup de peine aujourd’hui, mais on ne peut pas faire machine arrière. Je repense à tous ces détails que tu endurais au quotidien. Tu devais te sentir si seule face à cette situation qui t’emprisonnait.

Mais moi, j’étais triste que tu ne puisses pas continuer à être la mère présente qui me soutiendrait dans toutes les étapes de ma vie. Je stressais et j’essayais de mettre en place une organisation dans mon quotidien qui me permettrait de vivre ma vie tout en profitant de toi. C’était ma vision égoïste. J’oubliais parfois à quel point ce devait être dur pour toi… et rien qu’en essayant de me mettre à ta place, j’en pleure car la douleur est insoutenable.

Durant ces dernières semaines, j’ai eu tellement peur de te perdre mais aussi tellement peur de ce que l’avenir nous réserverait. Tu as voulu te battre et tu me l’as dit. Les quelques mots que nous avons échangés dans cette soirée du jeudi 23 octobre m’ont donnés un espoir surréaliste. Alors, je me suis battue, tu t’es battue et nous n’avons pas abandonné. Par miracle, nous avons eu la chance d’avoir quelques jours de répit, pendant lesquels tu étais sereine et plus positive qu’à la maison. J’ai pu te parler avec beaucoup de patience, sans énervement et sans stress. Je t’ai promis que je prendrais soin de ton chat qui t’a accompagné dans ton quotidien tristounet. J’ai pu te dire ce que tu attendais de moi depuis longtemps et que je n’arrivais pas à te dire : je t’ai dit « Je t’aime » des centaines de fois. Toi, tu m’as dit pleins de vérités, teintés de tes derniers rêves de patient endormi. Tu m’as faite rire. J’ai compris que tu n’avais plus peur.

Tu m’as dit « Ma Fille, Je t’aime ». Et après avoir douté, je suis maintenant convaincue que tu savais à quel point je t’aime et t’aimerais toujours. Ma petite maman, je ne pouvais plus te voir souffrir. Je te laisse partir avec ce que tu as appelé « la NASA » pour rejoindre les pays des rêves.

Je remercie Marie-Jo, Nicole, Joël et Thierry, d’avoir été autant présents pour elle tout au long de cette souffrance, et jusqu’au dernier souffle.
Ma mère était quelqu’un de bien, de gentil et d’intéressant. Beaucoup de gens l’aimaient… pour de vrai. Et elle aimait les gens. C’est dur de réaliser qu’elle ne sera plus là. Elle me manque terriblement.
Je remercie ceux qui ont pris de ses nouvelles et de MES nouvelles si souvent pendant cette épreuve. Cela m’a beaucoup aidée.

Prendre la parole à l'enterrement d'un parent n'est pas chose simple. "Tu n'arriveras jamais à lire ton discours", m'avait-on dit. Mais ma mère a toujours su ce dont j'étais capable, elle ne s'est jamais trompée. Alors, comme d'habitude, je me suis préparée, j'ai appris ces mots presque par cœur jusqu'à ce qu'ils ne me touchent plus et qu'ils fassent partie de moi, je n'ai regardé personne... je lui ai parlé à elle. And I know she must have thought : "Ma fille, je savais qu'elle pourrait le faire". Merci Maman d'avoir toujours cru en moi. 

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